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Magazine - Dimanche 18 avril 2021 |
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René II duc de Lorraine
René II duc de Lorraine
Petit-fils de René d’Anjou, René de Lorraine vit le jour à Angers le 2 mai 1451. Fils aîné de Ferry de Lorraine comte de Vaudémont, baron de Joinville, sénéchal héréditaire de Champagne et de Yolande d’Anjou (fille de René), il passa toute sa jeunesse à la cour de son grand-père, en Provence et en Anjou. Ce prince avait cinq frères et sœurs : Nicolas, seigneur de Joinville et de Bauffremont ; Pierre ; Jeanne, femme de Charles d’Anjou comte du Maine ; Marguerite, épouse de René duc d’Alençon et Yolande, femme de Louis Landgrave de Hesse. En 1463, à la fin du printemps, René d’Anjou fit jouer au château de Bar la « Farce des Pastoureaux » pour ses petits-enfants présents. En 1470, le jeune homme accompagna le duc de Lorraine dans ses déplacements notamment à Vézelise en juin. Succédant à son oncle, Jean de Lorraine au début de l’année 1473 en tant que Capitaine d’Angers, Sénéchal et Gouverneur d’Anjou, René de Lorraine obtint donc de son grand-père René d’Anjou les gages associés à ces différentes fonctions en février. Une mort subite bouleverse son destin. Rapidement après son accession au pouvoir, le jeune duc fut sollicité par les deux grands princes européens : Louis XI, roi de France et Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Le but de leurs manœuvres était de contracter une alliance. René II privilégia d’abord le roi de France en scellant avec lui le traité de Neufchâteau le 27 août 1473 ; en agissant de la sorte le duc de Lorraine n’obtint cependant pas de sérieuses garanties de la part du souverain. En proie à des difficultés financières, le duc demanda à son allié de lui prêter la somme de 20.000 livres. Il reçut un refus catégorique ce qui le poussa à se tourner vers le rival du roi de France, Charles le Téméraire. En effet, se sentant profondément bafoué, René II s’entendit alors avec le duc de Bourgogne lors du traité de Nancy, le 15 octobre 1473. Charles le Téméraire obtint le droit de placer des garnisons dans les châteaux lorrains de Darney, Epinal, Amance, Neufchâteau et Prény, créant ainsi une ligne de communication qui lui permettait de rallier le Luxembourg et la Bourgogne, le tout en territoire lorrain.
Un duc de Bourgogne trop pressant. Renonçant à son alliance avec Charles le Téméraire, le 9 juillet 1474, René II adhéra à la ligue formée par Louis XI, l’empereur, les princes allemands, les villes d’Alsace et les cantons suisses. Le 15 août suivant, le roi de France l’assura de son aide en cas d’attaque bourguignonne. Après un court séjour dans les Vosges, notamment à Neufchâteau, Mirecourt et Dompaire, René II vint prendre possession du duché de Bar que lui a confié René d’Anjou, au cours du mois de novembre 1474. Après avoir défié le duc de Bourgogne par l’intermédiaire de son héraut, le 9 mai 1475, le duc de Lorraine scella un traité d’alliance avec l’empereur le 17 mai. Peu de temps après, René II ne put empêcher les troupes bourguignonnes (environ 40 000 hommes) de pénétrer en Lorraine et de s’accaparer tous les châteaux sauf celui de Prény qui résista aux assauts. Le 30 novembre, Charles le Téméraire fit son entrée dans la cité de Nancy. Entre temps, une paix de neuf ans fut signée entre le roi de France et le duc de Bourgogne ; et un traité scellé entre le même duc et l’empereur. Mécontent de la tournure des évènements et fortement résolu à ne pas se laisser faire, le duc de Lorraine constitua une force armée dans les Vosges avec les nobles lorrains restés fidèles ainsi qu’avec des mercenaires suisses venant de différents cantons. Mais les choses ne se passèrent pas si facilement et René II fut contraint de quitter le bailliage des Vosges car sa personne était sérieusement menacée. Il rendit alors à Joinville vers la fin de l’année 1475. Au cours de l’hiver 1475-1476, le duc de Lorraine manda deux émissaires en Suisse afin de recruter de nouvelles troupes. En avril 1476, ayant eut vent de la cuisante défaite bourguignonne à Grandson le 2 mars précédent, il envisagea immédiatement de reprendre le combat. De passage en Suisse où il tenta de convaincre les cantons de l’aider dans sa tache de reconquête de ses territoires, il prit part à la fameuse bataille de Morat, le 22 juin où le duc de Bourgogne fut défait. La déconfiture du grand prince provoqua une virulente réaction en Lorraine de la part des habitants qui commencèrent la lutte, reprenant aux garnisons bourguignonnes plusieurs forteresses dont Vaudémont. René II put faire son entrée à Saint-Dié le 21 juillet et à Epinal le lendemain. Il entreprit peu après le siège de la forteresse de Châtel-sur-Moselle et de la cité Nancy ; cette dernière capitula le 8 octobre. Un duché de Lorraine retrouvé. René II sortit inévitablement grandi de ce conflit qui d’ailleurs aurait pu définitivement lui coûter son duché. Fin janvier 1477, il réunit les Etats généraux de Lorraine puis se rendit auprès du roi de France Louis XI qui le félicita grandement. Un héritage convoité.
La guerre de Ferrare et ses déboires avec la royauté. Après une brillante victoire sur Ercole d’Este et ses troupes le 20 avril, René II, fraîchement nommé capitaine général des troupes vénitiennes, entreprit le siège de la cité de Ferrare. Davantage préoccupé par le sort de la Sicile, le duc de Lorraine laissa le soin d’achever la prise de Ferrare au bâtard de Calabre. Il se retira donc à Padoue afin d’organiser l’expédition sicilienne mais en apprenant la mort du roi de France Louis XI, qui intervint le 8 septembre, il préféra s’en retourner en Lorraine dès le 22 septembre avant de se rendre auprès d’Anne de Beaujeu, la défunte reine et de Charles VIII, le tout jeune roi. Le 27 juillet 1486, René II adressa une virulente protestation à la régente du royaume au sujet du rattachement définitif du duché d’Anjou et du comté de Provence alors qu’elle avait promis d’essayer de l’aider à récupérer ses droits sur ces deux principautés. Afin d’apaiser sa haine, Anne de Beaujeu le nomma Grand Chambellan et lui promit de lui fournir troupes et argents dans l’optique d’une nouvelle expédition en Sicile. Apprenant qu’une révolte avait éclatée en Sicile contre le pouvoir de Ferrante d’Aragon au début de l’année 1488, René II se félicita de cet événement et rassembla ses troupes afin de reconquérir la terre de ses ancêtres. Mais, il ne pourra pas mener à bien son dessein car le roi de France Charles VIII lui intima l’ordre de s’en retourner en Lorraine puisqu’il envisageait lui-même de conquérir ce royaume de Sicile. Dépité, le duc obtempéra et fut également à cette occasion déchu de son commandement de la compagnie de Cent Lances et de la pension de 36 000 livres accordés en 1484. René II ne comptait pas en rester là et revendiqua de nouveau le comté de Provence. Charles VIII lui accorda une nouvelle pension de 24 000 compensatrice, le 22 mai 1497. Après la mort du souverain français le 7 avril 1498, le duc de Lorraine assista naturellement au sacre de Louis XII auquel il rend hommage pour le Barrois mouvant. Les relations avec le nouveau roi ne seront pas toujours au beau fixe car le duc essaya à maintes reprises de récupérer certaines terres lui ayant appartenues par le passé, comme celle de Gondrecourt. Deux mariages. Ce fut à Blois que René II rencontra et épousa en secondes noces Philippe de Gueldres, nièce de la reine Anne de Beaujeu. Philippe était alors la fille d’Adolphe d’Egmont, duc de Gueldres et de Catherine de Bourbon. Un contrat de mariage fut signé le 28 août 1485 et le 1er septembre l’union fut célébrée à Orléans. De cette union naquirent douze enfants : Charles (né en 1486 et décédé jeune), François (né et mort le 5 juillet 1487), Antoine (né le 4 juin 1489, succèdera à son père), Anne (née en 1490 et décédé l’année suivante), Nicolas (né en 1493 et mort en bas-âge), Isabelle (née en 1494 et décédée avant 1508), Claude (né en 1496 et mort en 1550. Auteur de la branche des ducs de Guise de la Maison de Lorraine), Jean (né en 1498 et décédé en 1550. Cardinal-Diacre), Louis (né en 1500 et mort en 1528. Evêque de Toul puis abbé de Saint-Mihiel, devient comte de Vaudémont), Claude et Catherine (nées en 1502) et François (né en 1506 et décédé à la bataille de Pavie en 1525).
René II, un humaniste avisé. A l’instar de la cour royale de France, celle de René II offrit un certain raffinement. Dès 1480, des spectacles inédits furent proposés à l’assistance, avec la mise en scène d’animaux exotiques en provenance d’Afrique, comme des lions par exemple. Des combats entre fauves et taureaux furent ainsi offert à cette cour ducale. La cour fut également le cadre d’un développement artistique et littéraire. Le mécénat ducal permit notamment aux peintres de s’exprimer pleinement ; Georges Trubert en tête. Collectionneur et humaniste avisé, le duc de Lorraine introduisit ainsi la Renaissance en Lorraine. Une partie de chasse décisive. Au cours de l’automne 1508, René II participa à une partie de chasse non loin du château de Fains, dans le Barrois. Ne s’étant pas suffisamment couvert, le duc de Lorraine prit froid. Rentré au château, le prince fut prit de malaises et peu à peu son état empira. Le 10 décembre, il fut retrouvé inanimé dans son lit. Un grand prince venait de mourir. L’église des Cordeliers de Nancy, situé à côté du palais ducal, reçut la dépouille du bon duc René II. Dans les églises de la cité ducale comme dans celles du duché furent célébrées des messes en l’honneur du prince qui défia le grand duc d’Occident, Charles le Téméraire en le terrassant à la bataille pour Nancy. Olivier PETIT Bibliographie sélective : |
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