Trop de Moyen Age pouvait-il tuer le Moyen Age ? Au XIXè siècle avec le mouvement Néo médiéval, le Moyen Age s'est immiscé partout, au point de devenir parfois indigeste ! C'est ce que dénoncent les extraits de Bouvard et Pécuchet de Gustave Flaubert et Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier, textes souvent caustiques mais non dénués d'humour.
Comme nous l'avons vu dans le précédent numéro, le Moyen Age est exploité sur pratiquement tous les supports. Les représentations actuelles du monde médiéval sont légions. Le support de prédilection étant, comme au XIXè siècle, le papier, on peut se demander ce qui est proposé aux personnes qui ne peuvent lire ou que très difficilement.
De nombreuses maisons d'édition publient des ouvrages en gros caractères ainsi que des livres sur CD. Le CD permet d'écouter des romans historiques, les fameux "roman moyen âge", d'apprécier des spectacles et des comptes rendus de conférence sans oublier des séries télévisées avec notamment la collection la "BD en CD". Les plus jeunes ne sont heureusement pas oubliés. Et cela Monsieur Brian Jacques l'avait compris en publiant la version originale de Rougemuraille, Redwall, en braille. Mais beaucoup d'efforts restent encore à fournir et les bonnes volontés sont d'ailleurs les bienvenues.
Les romans historiques pour la jeunesse abondent. En témoignent les aventures du jeune scribe Garin Trousseboeuf que la romancière Evelyne Brisou-Pellen fait évoluer "depuis" déjà 9 tomes. Retrouvons les romans de chevalerie qui ont fait rêver des générations de lecteurs, car ils sont mis à l'honneur par les éditions Elor qui publient un certain nombre de romans de la collection "Signe de Piste".
La bande dessinée est aussi très à l'honneur. Qu'elle ait été publiée en Petits formats ou en albums, elle abonde et les Editions du Triomphe nous permettent de (re)découvrir de grands succès de la bande dessinée francophone qui paraissaient par exemple dans l'hebdomadaire Bayard. Grands succès réédités également par Casterman comme les aventures de Chevalier Ardent du regretté François Craenhals. Mais dans ce domaine, tout n'a pas été réédité, alors le coin du collectionneur vous les présentera. Nous commençons ce mois-ci avec Jean-Louis Pesch qui a su mêler humour et précision historique avec son héros Bec-en-Fer.
Attardons-nous également sur le support digital avec deux très bonnes surprises. Comme l'exceptionnelle et dernière parution du Nom de La Rose de Jean-Jacques Annaud ou encore, celle, très attendue, de la série britannique Cadfael. Et de terminer de dresser la liste la plus complète des grands films, ayant un cadre de type médiéval, parus en DVD.
Au cinéma, Le Roi Arthur d'Antoine Fuqua a attiré notre attention.
En musique, le CD "Les Cathares" qui rassemble la musique du magnifique documentaire "Secrets et Légendes du Pays cathare", nous plonge dans un univers tout à fait particulier à la fois ancien et si moderne, à l'image de ce qu'a souhaité Christian Salès :
"[...] notre musique découle dune interprétation actuelle de la mémoire occitane.
Cest la musique telle quauraient pu limaginer les troubadours du XIIIè,
sils sétaient vus confier des instruments du IIIè millénaire".
Tout comme le répertoire du trio Skarazula qui propose avec son album "Ostara" des sonorités d'hier d'inspiration médiévale, celtique, arabe ou encore turque, conçues par des musiciens d'aujourd'hui.
Un numéro peut-être très attentif aux représentations modernes du Moyen Age, mais qui reste très fidèle à sa devise "Un Autre Regard sur le Moyen Age" en se penchant sur un prince lorrain du XIIIè siècle : Jacques de Bayon "ung moult vaillant chevallier tenant lieu du connestable de France", sur les échanges entre Venise et Byzance avec le Chrysobulle de 1084 ainsi que sur la création des années bissextiles. Egalement de nouvelles recettes de cuisine et dans la rubrique philathélie l'évocation de la légende de l'Aigle blanc.
Je vous laisse à présent découvrir ce numéro.